ETYMOLOGIE ET HISTOIRE RELIGIEUSE DE LA CHAPELLE-CHAUSSEE


La Chapelle Chaussée tire son nom de sa situation : une chapelle sur « la chaussée », voie gallo-romaine reliant Rennes à Dinan et Corseul. En 1202, on relève le nom de Capella de Calceia qui devient sur des actes de 1220 et 1442 Capella Calciata.
Contrairement à certaines hypothèses, « Calceia », « Calciata » n’évoquent pas la chaux, absente dans cette zone argileuse, mais très certainement la « chaussée » qui désigne la voie romaine.

La Chapelle-Chaussée est un démembrement de l’ancienne paroisse primitive de Tinténiac.

La Chapelle-Chaussée, est érigée en paroisse en 1243 et appartient à l’abbaye Saint-Georges de Rennes. Elle dépendait de l’ancien évêché de Saint-Malo.

Cette paroisse doit son nom à une chapelle construite de toute antiquité sur le bord de la voie romaine de Rennes à Corseul.

Ce fut longtemps une trêve de Tinténiac, dont le chapelain (un religieux doté de fonctions et de responsabilités auprès d’une chapellenie, qu’elle soit à un seigneur, ou dans le chapitre d’une abbaye) était à la présentation des Bénédictines de Saint-Georges de Rennes.

En 1202, Pierre Giraud, évêque de Saint-Malo, confirma ces religieuses dans la possession de La Chapelle-Chaussée, de ses dîmes et de ses oblations : « Capellam de Calceia com decimis et oblacionibus suis » (Cartulaire de l’abbaye Saint-Georges, 200). Mais son successeur Raoul, évêque de 1218 à 1230, ordonna à l’abbesse de Saint-Georges de faire un concordat avec le recteur de Tinténiac afin qu’il pût ériger La Chapelle-Chaussée en paroisse. Par suite, le chapelain de La Chapelle-Chaussée reçut la jouissance de tous les droits paroissiaux appartenant à son église, mais les religieuses se réservèrent toutes les dîmes de blé et de vin (« Omnia jura parrochialia ad ecclesiam suam pertinentia habebit, preter decimas bladi et vini que ad abbaciam ex integro devenient sicut antiquitus devenerunt » – Cartulaire de l’abbaye Saint-Georges, 236). Le chapelain s’obligea, en autre, à payer chaque année, la veille de Pâques, 3 sols à l’abbaye de Saint-Georges, et promit d’acquitter la moitié de la procuration due à l’évêque de Saint-Malo, l’autre moitié restant à la charge du prieuré et de la cure de Tinténiac. Quant aux procurations dues à l’archidiacre et au doyen, elles demeurèrent entièrement à la charge du chapelain. Cette convention fut confirmée en 1243 par Geoffroy, évêque de Saint-Malo, et en 1442 par le pape Eugène IV (Cartulaire de l’abbaye Saint-Georges, 235, 280).

Jusqu’au moment de la Révolution, l’abbaye de Saint-Georges conserva le droit de présenter le recteur de La Chapelle-Chaussée et de lever en cette paroisse les grosses dîmes, notamment dans les traits du Goullou, de Lesnouan et du Milieu, à la douzième gerbe (Déclaration de 1665).

En 1633, l’abbesse de Saint-Georges donnait au recteur de La Chapelle-Chaussée, pour sa portion congrue, 10 mines de seigle et 30 livres en argent ; mais plus tard elle lui céda le trait de dîmes du Milieu, affermé en 1790 1400 livres, plus une charretée de paille d’avoine; elle lui payait en outre, à la même époque, 120 livres en argent. Enfin, le recteur jouissait du presbytère, du jardin et du verger, le tout contenant 3 journaux de terre (Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 1 V, 29), de sorte que ce recteur était beaucoup mieux rétribué que la plupart des bénéficiers à portion congrue (Pouillé de Rennes).


Au Moyen Age, s’élevait un château (château fort du Chastellier), chef-lieu, d’une seigneurie propriété d’Anette de Dinan (épouse de Philippe Du Quelennec ou Quellenec) à la fin du XIVème siècle.

Vers la fin du XVème siècle, le seigneur de Beaufort hérite d’une partie des fiefs du Châtellier qu’il transmet à sa fille Michèle de Châteaubriant, épouse de Michel Ferron, seigneur de La Marre. Cette seigneurie appartient successivement aux familles Boisorçant (1541), Talhouet-de-Kervéon, Le Gonidec, seigneur de Carminé, Jacques-Renaud de La Bourdonnaye, seigneur de Blossac (1695). La famille de Blossac possède encore cette châtellenie en 1789, elle avait droit de haute justice. Le fief s’étendait sur La Chapelle-Chaussée et sur six autres paroisses. Le domaine comprenait la métairie, le moulin à eau, la forêt de Nidecor, le château de Maugis démoli au XVIIème siècle et le manoir de Lalleu. Les seigneurs du Châtellier avaient autrefois des ceps et collier dans le bourg.
On rencontre les appellations suivantes : Capella de Calceia (en 1202), Capella calciata (en 1220 et 1442).

liste non exhaustive des recteurs de la paroisse de La Chapelle-Chaussée :

Jean Briand (résigna vers 1555). Jean Ruellan (prêtre de Rennes, présenté par l’abbesse de Saint-Georges, fut pourvu le 17 novembre 1555 et prit possession le 24). Robert Joubault (clerc de Rennes, en faveur duquel avait résigné Jean Briand, combattit le précédent, s’étant fait pourvoir à Rome ; il prit possession le 7 septembre 1561 et demeura maître du bénéfice. Il fit un échange de terre en 1581 avec Guillaume Ginguené, sieur de La Chapelle ; décédé en 1598). Michel Gardel (prêtre de Clermont, présenté par l’abbesse de Saint-Georges le 16 décembre 1598, fut pourvu le 19 et prit possession le 12 janvier 1599 ; il résigna en 1612). Eudes Cocault (prêtre de Saint-Malo, présenté par l’abbesse le 11 mars 1612, fut pourvu le lendemain par l’évêque ; décédé en septembre 1616). Jean Simon (prêtre de Saint-Malo, fut nommé en 1616 ; décédé en 1621). Mathurin Danet (fut pourvu le 14 avril 1621 ; décédé en 1637). Jean Le Queu (semi-prébendé de Rennes, présenté le 10 mai 1637, fut pourvu le 14 et conserva peu de temps le bénéfice, qu’il dut résigner ; décédé en 1653). Gilles Ebérard (chanoine et trésorier de Dol, succéda au précédent, mais résigna lui-même dès 1641 en faveur du suivant). François Le Grand (prêtre de Saint-Malo, fut pourvu en 1641 ; décédé en 1667). Jean Hamart (présenté par l’abbesse le 18 avril 1667, fut pourvu le 20 et prit possession le 23). Gilles Camieu (mourut vers 1678). Antoine Baude (prêtre de Clermont, bachelier en théologie, nommé le 11 avril 1678, prit possession le 5 mai et résigna le 1er septembre de la même année). Georges Moraisin (pourvu le 12 septembre 1678, résigna en 1693). Guillaume Lyon (fut pourvu le 11 mai 1693). Julien Guilloré (mourut en 1719). Gilles Le Sage (pourvu le 12 septembre 1719, résigna en 1757). François Le Pelletier (pourvu le 12 mai 1757, émigra à Jersey en 1793 et fut réinstallé en 1803 ; décédé en 1818). Jean-Joseph Corvaisier (1818-1826). Thomas Le Brun (1826, décédé en 1868). François Rébillard (à partir de 1868), …